Israël La culture de la peur Ne pas suivre le modèle français courrier international n°893

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Ne pas suivre le modèle français

Si Israël devient un Etat de citoyens, la majorité juive imposera sa langue et sa culture à la minorité arabe, explique l'historien Gad Taub.

MAARIV
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Tel-Aviv

Soixante ans près la décision des Nations unies de diviser la Palestine en deux
Etats-nations, l'un juif et l'autre arabe, certains cercles voudraient rejeter le principe de la partition - au nom de la démocratie.
La solution des deux Etats, nous dit-on, est démodée, non seulement parce que la partition n'est plus politiquement possible,
mais aussi parce qu'elle n'est pas souhaitable. Un Etat juif, nous dit-on aussi, ne peut pas être réellement démocratique.
Ces arguments sont faibles. Ils se fondent sur le préjugé selon lequel, si la Suède peut être suédoise et démocratique
et si la Grèce peut être grecque et démocratique, Israël, lui, ne peut être à la fois juif et démocratique.
Ce n'est pas seulement l'argumentation de ces intellectuels qui est faible, mais aussi la solution que beaucoup
d'entre eux proposent pour résoudre la prétendue contradiction entre les caractères juif et démocratique de l'Etat d'Israël.
Pour s'épargner toute comparaison avec d'autres Etats-nations qui nous ressemblent, ces gens nous proposent un modèle qualifié d'exceptionnel: la France. Là-bas, affirment-ils, la nationalité n'est pas "ethnique" mais "citoyenne". Mais qu'entendent
ces intellectuels par "nationalité ethnique"? C'est tout sauf clair, d'autant que la plupart des Etats-nations européens sont plus éthiquement homogènes qu'Israël, lequel ressemble davantage à un agrégat de plusieurs peuples.
La France est "l'Etat de tous ses citoyens" en ce sens que, dès l'instant où un individu devient citoyen français,
il est reconnu membre de la nation française. Si Israël appliquait ce modèle, disent certains, il cesserait d'être un juif et deviendrait
peut-être un Etat "israélien".
Il serait réellement démocratique et appartien-
drait à tous ses citoyens, pas seulement sur un
plan formel (droit de vote) mais égale~ent sur
un plan sentimental et affectif.

Très bien. Mais quelles seraient les consé-
quences pour la minorité arabe? La création
d'une identité unique danwe cadre d'un Etat
démocratique à la française déboucherait sur
la même chose qu'en France: l'imposition de la
culture majoritaire aux minoritaires. En effet, la
France ne reconnaît en son sein aucune mino-
nte nanonaie et ne reconnaft"P~autr; langue
ofl;icielle que le français. Et pas le droit de déve-
lopper d'autres cultures que la culture française.
Pour être un Etat de tous les citoyens "à la
française", Israël devrait en toute logique imposer
une langue unique à tous ses citoyens, c'est-à-dire
l'hébreu. Israël devrait aussi renoncer au plu-
ralisme de l'enseignement en imposant une cul-
ture unique ("israélienne") à l'ensemble de ses
populations. Il faudrait. également, à l'instar de
ce qui se passe en France, interdire l'expression-
de toute identité distincte (comme les coiffures
musulmanes et juives) dans les lycées publics.
Bref, Israël devrait imposer, comme en France,
une homogénéisation culturelle. Ce n'est évi-
demment pas par hasard que la France ne répond
pas aux critères de la convention-cadre du
Conseil de l'Europe pour la protection des mino-
rités nationales et refuse toujours de la ratifier.
L'application du modèle "citoyen" français
signifierait l'intégration forcée et la négation
du droit de la minorité arabe à défendre son
caractère national. Or, on s'en doute, les Arabes
d'Israël n'ont pas l'intention de s'assimiler à la
majorité juive et d'adopter sa culture, ses cou-
tumes et son identité.
Les apôtres de la solution française fleurent
bon non pas l'anticolonialisme, dont ils .disent
se revendiquer, mais plutôt le bon vieux colo-
nialisme français. Ils n'ont que faire de ce que
veulent les "indigènes". Mieux, ils croient pouvoir
apprendre aux "indigènes" la meilleure manière
pour eux d'exercer leur droit à l'autodétermination
- la française, évidemment. Il y a une certaine
ironie dans le fait que, après soixante ans de déco-
lonisation et alors qu'Israël, tardivement, finit lui
aussi par rejoindre le train de la décolonisation
en commençant par se retirer de Gaza, certains
Israéliens, sous couvert de défendre les droits de
l'individu, trouvent judicieux de ressusciter le
colonialisme français. Gad Taub

. "Israël demain"

Le théâtre de
rOdéon et Courrier
International
vous Imitent
à une rencontre
sur Mlsraël demain".
!
.
Avec Nahum Bamea
(journaliste),
Avraham Burg
(ancien président
de la Knesset),
Orly Castel-Bloom
(écrivain), Amos
Gltal (réalisateur)
et Krzysztof
Warllkowskl
(metteur en scène).

Comment parle-t-on
d'Israël en Israël?
Comment se volt
Israël auJourd'hui?
Où en sont les
rapports entre Etat
et c:ito)'enneté,
religion et laïcité,
peuple, nation
et société civile?

Débat animé
par Laure Adler
et Philippe
Thureau-Dangln.

Le 15 décembre
2007 à 15 heures.

Théâtre de l'Odéon,
75006 Paris.
Entrée libre.


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Pas terrible, il n'a pas compris grand chose ce Gab Taub.

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