la maison noire

Ancien utilisateur
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Ainsi donc la minorité noire américaine a-t-elle réussi à obtenir que l'un de ses enfants accède au poste le plus élevé de l'état avant la minorité juive. On a l'air fin avec notre ex-futur vice-président de l'an 2000, le démocrate Joe Lieberman (qui, d'ailleurs, a une l'excellente idée de soutenir Mac Cain ce coup-ci, ce qui devrait le neutraliser pour de nombreuses années)!
Vous me direz, démographiquement parlant, il n'y a là rien de bien surprenant. La population noire représente quand même 13% de la population américaine, bien plus donc que la population juive dont je tairai le pourcentage, pour ne pas démentir les antisémites qui me lisent par milliers (si,si, je vous assure, j'ai même retrouvé quelques citations d'anciens éditos sur l'un de leurs nombreux sites…) et qui restent persuadés que l'antique promesse divine faite à notre père Abraham à propos des étoiles du ciel s'est réalisée à la lettre, et c'est très bien comme cela (ne contredisez jamais, amis lecteurs, un antisémite convaincu qu'il y a près d'un milliard de juifs dans le monde: la puissance juive mondiale qu'ils redoutent tant repose toute entière sur ce genre d'évaluation…).
Décidément, Netanyahou n'a pas de chance! Alors que l'état hébreu vient de gaspiller 8 précieuses années de bienveillante présidence bushiste en plaçant à sa tête des dirigeants moins attachés aux valeurs sionistes qu'un dijonnais à la fondue bourguignonne, Bibi reviendra vraisemblablement en février aux affaires avec en face de lui un Barak Obama dont le moins que l'on puisse en dire est que sa prédisposition à vibrer en écoutant les théories de Jabotinsky reste à démontrer.
En écoutant le discours de victoire prononcé à Chicago, je fus victime d'un phénomène physiologique peu commun. Alors que mon œil gauche larmoyait d'émotion devant la beauté de ce grand moment d'Histoire, mon œil droit restait ostensiblement sec. J'avais beau essayer de me remémorer les moments forts du combat pour l'émancipation de nos frères noirs, depuis le refus de Rosa de descendre en 1955 de l'autobus réservé aux blancs, jusqu'au discours de Luther King à Washington 8 ans plus tard, pas la moindre petite larme ne venait embuer le regard de mon œil droit! Même lorsque le nouveau président parla de la vénérable centenaire d'Atlanta qui en avait tant vu avant de vivre ce Grand Soir, mon œil resta absolument insensible et refusa de se laisser submerger par la déferlante vague lacrymogène qui pourtant déclenchait à ce moment précis les sanglots de millions d'auditeurs à travers le monde. Je pestais d'autant plus contre le cynisme de mon œil droit récalcitrant que le gauche, lui, était aussi trempé que les chutes d'Ein Guédi au printemps. Etais-je tombé si bas dans les gouffres du sectarisme primaire pour résister ainsi à l'Obamania ambiante? Etait-ce possible que mon inquiétude justifiée quant à l'avenir de l'Etat Juif puisse ainsi me désolidariser de mes frères humains alors que nous vivions tous l'un de ces rares moments d'émotion planétaire que nous réserve parfois l'Histoire avec un grand H?
Des que la voix du nouveau maître de la Maison Blanche se fut tue, je me précipitais donc vers mon ordinateur pour que le Net qui avait tant contribué à son élection me livre les infos qui me manquaient encore et qui, je n'en doutais pas, réconcilieraient enfin mes deux yeux, dans une humidité équitablement partagée.
Je tombais d'abord sur une interview du pasteur noir Jessie Jackson, le compagnon de route de Martin Luther King qui fut près de lui le jour de son assassinat. Jackson chercha a me rassurer. Il n'avait plus rien de ce provocateur inquiétant qui l'avait rendu célèbre. "Je pense aujourd'hui à tous ceux qui payèrent de leur vie pour qu'on puisse en arriver là. A Michael Schwerner, James Chaney et Andrew Goodman, assassinés par le Ku Klux Klan au Mississipi il y a presque 50 ans. 2 Juifs et un Noir qui sanctifièrent dans le sang la coalition de la conscience entre les deux minorités. La victoire de Barak (Obama, pas Ehoud, E.K) est celle de cette coalition judéo-afro-américaine. Cela fait 100 ans que nous luttons ensemble contre la ségrégation, le racisme et l'antisémitisme pour le bien de l'Amérique et de l'Humanité. L'image de ces soldats noirs libérant les camps européens d'extermination se confond avec celle de nos luttes communes sur le continent américain…" Des déclarations à faire blêmir un Dieudonné (si je peux me permettre l'expression)! Allons, allons, tentais-je alors de me rassurer, cette mouvance obamique est tant pétrie de bons sentiments que rien de bien dangereux ne peux vraiment en sortir. Cesse donc de faire le rabat-joie et laisse donc s'exprimer ton enthousiasme révolutionnaire des grands jours!
Révolution? Vraiment? Alors même que mon œil droit donnait les premiers signes de capitulation et que je commençais enfin à y ressentir les premiers picotements de l'émotion, c'est l'œil gauche qui refusait soudain de collaborer! Que signifie réellement la victoire d'Obama? Annonce-t-elle vraiment un changement en profondeur de la mentalité américaine ou renforce-t-elle au contraire le fameux "celui qui veut vraiment réussit!" cher à la tradition calviniste, capitaliste et conservatrice des Etats-Unis! Le Thatchérisme de la "dame de fer" ne disait pas autre chose: il n'y a pas de problème social, racial ou ethnique. Il n'y a que des individus qui réussissent par la force de leur volonté. Les études sont pourtant formelles: cela fait près de 20 ans que l'évolution sociale des afro-américains s'est arrêtée. Les noirs représentent bien 13% de la population mais constituent toujours près de la moitié de la population pénitencière ! Un Noir sur dix âgé aujourd'hui de 20 à 30 ans était en prison en 2006! 6,5 fois plus que les Blancs! Et proportionnellement bien plus que dans les années 60 ou 70. En 1974, une famille noire moyenne gagnait 63% de ce gagnait une famille blanche moyenne. Aujourd'hui, elle ne gagne plus que 58%, ce qui signifie que l'écart social s'est aggravé et non restreint. Obama lui-même n'est que le cinquième sénateur noir de toute l'histoire des Etats-Unis! A la lecture de ces données, on peut se demander si l'élection de Barak Obama ne constitue pas une sorte d'alibi pour les américains? Apres tout, n'est-il pas plus facile de faire élire un symbole que de s'employer à régler le fond du problème?
"Mon cher Elie, tu me fatigues!", me dis-je alors, à ce stade de mes réflexions. "Alors même que tu commençais à rassurer les Juifs, voila que tu te mets a inquiéter les Noirs". Révolution ou pas, le nouveau résidant de la Maison Blanche est sans doute porteur de fols espoirs dont certains se briseront à coup sûr au contact de la cruelle et douloureuse réalité. Espérons pour le bien de l'Amérique et du monde que ce ne seront pas les plus nombreux.


Ancien utilisateur
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Comme je l'ai déjà suggéré ici, je crois que le véritable évènement, c'est que suffisamment de blancs aient voté Obama pour qu'il puisse vaincre.

Ce que tu dis sur la situation des noirs est juste, avec malgré tout une classe moyenne et une bourgeoisie réelles (bourgeoisie qui affiche la même inégalité de revenus que la blanche d'avec les plus pauvres, il ne suffit pas d'être noir pour être plus "juste").

Et il reste un indicateur fort pour mesurer le problème racial aux USA, ce sont les mariages mixtes (je sais, le terme par ici n'a pas la côte). Ils restent anecdotiques, quelques petits %. C'est précisément la particularité d'Obama, il est métis (par alliance et non par droit de cuissage de l'époque esclavagiste) et il n'est pas issu de la population noire américaine (tout comme Colin Powell).

Bref, mon oeil gauche est aussi ému, avec la satisfaction que voter pour un minoritaire est possible aux USA, même avec une désillusion ensuite. Et comme toi, je vois qu'il y a encore du boulot pour extraire les noirs d'une culture de la soumission, de la monoparentalité, du ressentiment, etc.

Ancien utilisateur
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Les Noirs en ont que faire des Juifs et vice versa....

Ancien utilisateur
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Elklingou
"A la lecture de ces données, on peut se demander si l'élection de Barak Obama ne constitue pas une sorte d'alibi pour les américains? Apres tout, n'est-il pas plus facile de faire élire un symbole que de s'employer à régler le fond du problème?"
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On ne peut résumer l'ascension d'Obama à un symbole ou un alibi.

au pays de l'Oncle Sam, il n'y a pas de place pour les cadeaux dans une élection. Obama l'a appris à ses dépens lors de sa première campagne locale à Chicago où il s'est fait purement et simplement éliminé . Et Mrs Clinton ne lui a pas laissé un moment de répit durant les primaires.

Les éléments concordants, largement commentés ensuite, démontrent, qu'avant d'avoir une couleur cacao crème, Mr Obama est d'une redoutable intelligence et que son staff de campagne a été efficace comme cela ne s'était jamais vu, jusqu'à amasser un trésor de guerre, pardon, de campagne, à faire pâlir l'équipe McCain. Alors, pour une fois, et puisque nous avons nous même été les victimes expiatoires des clichés et de ceux qui les véhiculent, essayons d'éviter l'utilisation des poncifs tels que symbole ou alibi.

Que que nous y trouvions ou non de l'émotion, accordons au moins à Mr Obama ce qui a manqué à Mr McCain : du talent et une organisation solide.

Pour ce que sera sa présidence, il est clair qu'il ne résoudra pas tout et ne répondra pas à toutes les attentes, voire qu'il décevra. Mais n'est ce pas normal, au fond ?



Ancien utilisateur
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Ce qui m'intéresse c'est que BHL a pris fait et cause pour lui à l'espace Rachi et il a conclu en disant "je prends le pari que ceux qui ont agité des épouvantails pendant la campagne se trompaient et je serai très vite démenti si je me trompe".

Wait and see

Ancien utilisateur
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De par sa culture et ses origines, Obama est sûrement plus ouvert d'esprit à l'islam que Bush et McCain.
Obama est sûrement mieux à même de dialoguer avec le monde arabe (Israël inclus), de le comprendre, et de le raisonner le cas échéant.

McCain étant républicain et quand on voit la politique étrangère du républicain Bush, ça ne donne pas vraiment envie de souhaiter un autre républicain à la Maison Blanche. Surtout quand on a un Sarkozy béni-oui-oui de l'Amérique.

Enfin, quand on sait ce que pense Sarkozy de "l'homme africain", je trouve amusant de voir un président US fils d'immigré kenyan qui va mettre au pas notre petit président français. Lol.

Ancien utilisateur
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Je vois bien Sarko faire du lèche à Obama.
Je vais trouver ça bien marrant.
Comme l'a écrit Golois surtout par rapport à ce que pense Sarko des africains

Ancien utilisateur
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Tiens, une cousine à Satyarupa...


Bonjour, G6ka01.
:-)

Ancien utilisateur
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"Au cousin DE dieudonné"

Souffrez, utilisateur de la langue de Molière, qu'un modeste "métèque" au sens de Moustaki vous expédie derechef au b. . . .l !

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Et je ne vous souhaite pas le bonjour, Mossieur

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