Dvar Torah Rav Kalov [paracha vaéra]

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Trés beau Dvar Torah du Rav Kalov
Je cite :
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VAÉRA : Le coeur endurci
La période que nous vivons depuis la semaine dernière, Chabbat Chémot, est propice à la Téchouva (repentir, retour vers Hachem) et
nos Sages l’appellent : « Chovavim- » en rapport avec le verset de Yirmiyahou (3,14) qui dit : « Chouvou banim Chovavim... -
Revenez enfants rebelles... ». Ce mot est d’ailleurs l’acrostiche des six premières parachiyot du Sefer Chémot durant lesquelles s’étale
cette période: (67*8935 ,+/*,24353 ,-1 ,-/.-0,*+, ). Les initiales de ces 6 parachiyot que nous vivons font ainsi allusion au grand
potentiel de Téchouva que contiennent ces 6 semaines pour chaque juif. La parachat Vaera s’inscrit naturellement dans ce programme de
Téchouva, et va d’ailleurs nous livrer de grands secrets sur ses mécanismes.
Dans notre Paracha commence l’effroyable série de plaies qui s’abat sur l’Égypte à la suite du refus de Pharaon de libérer les Bné
Israël. Dans le 3ème verset du Chapitre 7, Hachem annonce qu’il va endurcir le coeur de Par’o (Pharaon) afin que celui-ci retienne les Bné
Israël et qu’Hachem multiplie les plaies sur l’Égypte; ainsi qu’il est dit : « J’endurcirai le coeur de Pharaon, et je multiplierai mes signes
et mes prodiges dans le pays d’Egypte... ».
Tous les Méfarchim (commentateurs) s’interrogent sur cet « endurcissement »; comment comprendre qu’Hachem puisse a priori ôter le
libre arbitre de Par’o en l’empêchant de libérer les Béné Israël?
Pour résoudre cette difficulté, nous retiendrons les deux réponses que donnent le Ramban :
• Il explique tout d’abord, que Par’o a fait tellement d’Averot (fautes) envers le peuple d’Israël qu’il a mérité comme punition que la
Téchouva lui soit inaccessible.
• La deuxième raison qu’il donne est que Par’o allait libérer les Bné Israël sous le poids de la souffrance et non pour accomplir la volonté
du Créateur; aussi, Hachem n’a pas voulu d’une telle Téchouva et a endurci son coeur afin de lui permettre de supporter les plaies suivantes,
en attendant une meilleure Téchouva.
Chacune des réponses du Ramban mérite un approfondissement :
1°) Dans sa première explication le Ramban semble dire qu’il arrive dans certains cas qu’Hachem décide de punir le fauteur en le privant
de la possibilité de se repentir. Pourtant on sait d’autre part que les punitions qu’Hachem envoie ne sont pas gratuites ou juste pour faire
souffrir (h’as véchalom); ce sont tout simplement les conséquences logiques de nos actes; comme il est écrit dans Pirké Avot (4-2) :
« la punition de la Avéra c’est la Avéra elle-même » (à l’image de quelqu’un qui se brûlerait après avoir joué avec le feu). Il ressort
donc que ce sont les Averot (fautes) de Par’o qui ont elles-mêmes provoqué la fermeture de son coeur à la Téchouva (repentir). Comment
comprendre ce processus ?
2°) Le Ramban dans sa deuxième réponse explique qu’Hachem ne voulait pas d’une Téchouva de Par’o, motivée par les Macot (plaies)
qui s’abattaient sur lui mais une Téchouva de plein gré.
-Pourtant, comment peut-on espérer qu’un homme aussi racha (impie) que Par’o, fasse Téchouva pour accomplir la volonté d’Hachem et
pas seulement sous le poids des plaies ?
1. Il est écrit dans la Guémara Sota (3a) : « Eine adam h’oté éla im ken nikhnas bo roua’h chtout - Si un Homme faute c’est parce qu’un
esprit de folie s’est emparé de lui ». D’ailleurs, après sa faute, il est probable qu’il se reprenne, regrette son erreur et fasse Téchouva. Cependant
ceci n’est vrai que la première fois qu’il faute; s’il récidive et ne fait pas Téchouva, il aura alors l’impression que la « chose lui est
devenue permise » (paroles du Traîté Moed katane 27a), c'est-à-dire qu’il pensera qu’il n’y a pas vraiment de mal à continuer. La Avéra
(faute) est devenue une partie de lui, ce qui l’empêche d’être objectif et de se corriger. S’il continue un certain temps sa mauvaise
conduite peut même devenir un principe de vie !
Le Rav Dessler 4UVW raconte à ce sujet l’histoire d’un homme qui souffrait d’un grave diabète (avant la découverte de l’insuline).
Malheureusement, il aimait beaucoup les sucreries qui lui étaient bien sûr formellement interdites.
Un jour il ne put résister à l’épreuve et se mit à manger du chocolat. Sa première réaction fut de s’en vouloir car il savait qu’il se détruisait
la santé. Cependant après avoir fauté un certains nombre de fois de la sorte, ses regrets diminuèrent et il adopta finalement un nouveau slogan : « Mangeons, buvons et réjouissons nous car demain nous mourrons ! ». C’est d’ailleurs ce qui arriva; il mourut en effet
moins de 2 ans plus tard.
Le Rav Dessler 4UVW fait remarquer que ses regrets ne firent surface qu’au début de ses écarts, lorsque « son esprit de folie » voulait bien le
quitter. Cependant, en récidivant, la faute devint pour lui tout à fait normale excluant toute possibilité de repentir.
C’est ainsi qu’il faut comprendre l’endurcissement du coeur de Par’o, ce n’est pas juste un décret d’Hachem contre Par’o, mais la conséquence
naturelle de ses Avérot (fautes) répétées à l’encontre des Bné Israël.
2. La deuxième explication du Ramban sera comprise grâce à la Guémara suivante (Sanhédrin 97b) :
« -Rabbi Eliezer dit : si le peuple d’Israël fait Téchouva (retour vers Hachem) il sera libéré sinon il ne sera pas libéré.Rabbi Yéhochoua lui a
répondu : Quoi ! S’ils ne font pas Téchouva ils ne seront pas libérés !? Il est certain qu’ Hachem leur mettra un roi aux décrets aussi cruels
qu’Hamane et ils feront Téchouva… ».
Le Maharal s’interroge sur cette Guémara : quel est le point de Mah’lokete (divergence) entre les deux Rabanim ? En effet, même Rabbi Eliézer
est obligé d’accepter qu’un jour l’histoire du monde doit s’achever et cela ne peut se faire (même d’après lui) que par la Téchouva des Bné
israël. Il en résulte que les deux opinions sont d’accord que les Bné israël finiront par revenir vers Hachem. Où est donc la Ma’hlokete ? Il
répond qu’il existe deux sortes de Téchouva : une forcée et une volontaire et les Rabanim de la guémara discutaient pour savoir laquelle sera
adoptée par notre peuple à la fin des temps.
Le Rav Dessler 4UVW explique que les souffrances qu’un homme rencontrent peuvent avoir deux effets positifs sur lui :
• soit l’aider à voir qu’il se trompe, à reconnaître la vérité et à revenir dans le droit chemin.
• Soit le perturber à tel point qu’il n’a plus le coeur à vaquer à ses désirs et s’arrête donc de fauter.
La grande différence est que dans le second cas, la Téchouva n’est pas complète et dès que les souffrances seront supprimées, il est probable
que les Avérot réapparaissent. Le véritable but d’une punition est d’amener le pêcheur à se repentir sincèrement, réfléchir sur ses actes et les
corriger. Ainsi, d’après Rabbi Eliezer seule une Téchouva complète (contenant un aveu à Hachem, le regret de la faute et la décision de ne
plus recommencer) peut amener la Guéoula (délivrance). Pour Rabbi Yéhochoua même si les souffrances poussent les Bné Israël à arrêter de
fauter, cela peut suffire (à la fin des temps, en dernier recours) pour déclencher la Guéoula (bien que les juifs ne souhaitent pas réellement
revenir vers le bien).
Nous avions demandé : comment Hahem pouvait-Il attendre qu’un homme aussi mauvais que Par’o fasse une Téchouva entière et
de plein gré (à tel point que d’après le Ramban, Hachem lui endurcit le coeur en attendant une téchouva plus sincère). Nous pouvons maintenant
expliquer que jamais il ne fut question que ce racha de Par’o fasse une Téchouva authentique. Cependant, Hachem attendait de lui qu’au
moins il regrette un peu ses nombreux crimes et qu’il ne renvoie pas les juifs seulement pour ne plus avoir à les supporter eux et leurs plaies.
Peut-être qu’en vivant toutes ces 10 Macot prodigieuses, cela lui donnerait le recul suffisant pour se rendre compte de son entêtement et qu’il
regrette peu à peu ses agissements. Ainsi il serait parvenu à faire une Téchouva acceptable (même au sens de Rabbi Eliézer).
Dans notre paracha, Par’o voulait certes renvoyer les Bné Israël mais n’avait aucune once de regret dans le coeur, il était juste motivé par
l’arrêt des plaies. Ainsi Hachem, dans son infinie bonté (même avec les Réchayim (impies)), lui permit de supporter les 5 dernières plaies en
lui « renforçant le coeur » afin qu’il ne cède pas uniquement à cause des souffrances mais se réveille (à son niveau) et regrette les actes qu’il
avait commis.
Le Ramh’al nous révèle que Par’o est l’incarnation du le Yetser Ara (mauvais penchant) et que ses agissement sont exactement à
l’image des méthodes que le Yetser Ara utilise pour nous piéger.
La Parachat Vaéra nous offre donc une belle leçon sur les mécanismes de l’être humain :
Il arrive parfois que l’Homme faute sans s’en rendre compte, tant sa conduite est devenue naturelle pour lui. La Téchouva est donc très difficile
d’accès, voire impossible, car il ne voit même pas son tort. La solution est de prendre du recul par rapport à nos agissements, de les peser
un par un et d’être attentif aux messages qu’Hachem nous envoie.
Quel bel encouragement de voir qu’Hachem attend la Téchouva de tous, même de l’homme le plus impie et impur : Par’o.
Sachez que ce ne fut pas en vain puisque Par’o dans la mer rouge reconnut sa faiblesse et la grandeur d’Hachem et par le mérite de sa Téchouva
fut sauvé du cataclysme qui tua tous les égyptiens. D’autre part, il devint le roi de Ninevé et des années plus tard poussa la ville tout entière
à suivre les conseils du prophète Yona et à revenir sur le droit chemin. (à partir de Mikhtav Mééliahou de Rav Dessler, parachat Vaéra)

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