Culture

"Ave, César !" : le film des frères Coen qui divise

Par Feujworld Publié le

Un film bonheur (♥♥♥)


Avec les Coen Bros, c’est toujours un jeu de massacre gai : les personnages ont le QI d’un biscuit Pépito, les péripéties sont hilarantes, les aventures, pittoresques. Ici, les Coen s’attaquent à un monde disparu : le Hollywood des années 1940-1950. C’est la fin du règne des studios, le maccarthysme rôde.

Un seul personnage peut mettre de l’ordre : le "fixer", sorte de détective privé-mécanicien-voyou, qui arrange les divorces, achète les journalistes, soigne les gueules de bois, paie les putes, déchire les contrats, guérit les chaudes-pisses et fait tourner la boutique. Celui-ci, Eddie Mannix (joué par Josh Brolin), a bel et bien existé. Pendant vingt ans, il a "fixé" tous les ennuis de la MGM, parfois avec une batte de base-ball.

Quand l’une des stars du studio (George Clooney), en plein tournage de péplum, se fait enlever par une bande de scénaristes gauchistes, c’est l’alerte rouge. Tandis que le kidnappé, en cothurnes et jupette de centurion, écoute des cours de marxisme élémentaire, le tournage est en panne (comment filmer la Crucifixion sans notre Romain ?) et le studio, en émoi. Foire aux cabots et carrousel des vanités, Hollywood vu par les Coen est un bonheur : ils se moquent de tout, avec talent. On rit avec eux.

François Forestier 
 

Un film mineur (♥)



La déception causée par un film se mesure à l’aune des espoirs qu’on place en lui et à l’estime qu’on porte à son auteur. Pour "Ave, César !", ces espoirs étaient grands. Une visite du Hollywood des années 1950 par les frères Coen excite l’appétit. Et comme leurs films contiennent souvent des pièges, il faut se méfier de la première impression. Pourtant, "Ave, César !" ne séduit pas autant qu’attendu.

Eddie Mannix est un "fixer" acharné à empêcher que les comportements inappropriés des stars soient portés à la connaissance du public et dont le film révèle qu’il exerce des fonctions essentielles à la tête d’un grand studio. Les péripéties offrent aux Coen de pasticher différents genres cinématographiques, dont le péplum et la comédie musicale, en une suite de séquences plaisantes, mais pas très amusantes, que le film peine à relier entre elles.

On passe de George Clooney à Scarlett Johansson sans s’attacher à leurs personnages, de l’enlèvement d’un acteur par des scénaristes communistes au parachutage d’un cow-boy de série B sur une production "sérieuse" sans se sentir concerné. Il faut les apparitions de Tilda Swinton dans le double rôle de sœurs jumelles échotières et rivales pour retrouver la verve habituelle des Coen, ici loin de leurs réussites majeures, "A Serious Man" ou "Fargo". 

Pascal Mérigeau 
 


Source: Le Monde



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