Freud contre l'"espérance injustifiée" du sionisme

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Le "Corriere della Sera" a retrouvé une lettre du fondateur de la psychanalyse critiquant "le fanatisme irréaliste de -notre- peuple". Freud ajoute que "la Palestine ne pourra jamais devenir un Etat juif".
Tenue au secret à Jérusalem pendant plus de soixante-dix ans par un collectionneur d'autographes, une lettre de Sigmund Freud vient d'être publiée par le quotidien italien Il Corriere della Sera. L'auteur de l'article, Paolo Di Stefano, a puisé le précieux document dans une revue de l'université de Sienne. Il doit cette découverte à Michele Ranchetti, historien de la psychanalyse et de l'Eglise. Elle risque de jeter le trouble dans des milieux juifs qui se croyaient autorisés à associer le fondateur de la psychanalyse au combat pour la création et la défense d'Israël.

En février 1930, Freud, âgé de 74 ans et en pleine gloire, reçoit un appel de l'association sioniste de Jérusalem Keren Hajessod, qui lui demande de protester contre les entraves par les Arabes de Palestine à l'exercice du culte juif dans la Ville sainte et à l'accès au mur du Temple. Il refuse de signer cet appel, aussi adressé à d'autres intellectuels juifs européens. Dans sa réponse en date du 26 juin, il exprime sa sympathie pour ceux qui le sollicitent, mais prend ses distances de manière désabusée: "Je ne pense pas que la Palestine pourra jamais devenir un Etat juif et que les mondes chrétien et islamique seront jamais disposés à voir leurs lieux sacrés sous le contrôle juif. J'aurais trouvé plus sensé de fonder une patrie juive sur une terre moins grevée d'histoire. Mais je reconnais qu'un point de vue aussi rationnel aurait peu de chances d'obtenir l'enthousiasme des gens et le soutien financier des riches."

Il ne prend pas parti pour la cause arabe mais pense que la "défiance" palestinienne est due "en partie au fanatisme irréaliste de -notre- peuple". Et il conclut : "Jugez vous-même si, avec une telle attitude critique, je suis la personne propre à conforter un peuple pris dans l'illusion d'une espérance injustifiée."

Le Corriere raconte que cette lettre fut jugée "peu opportune " par ses destinataires, et donc condamnée à rester inédite. Elle a été transmise par l'un d'eux, Chiam Koffler, à Abraham Schwadron, collectionneur d'autographes de Jérusalem, en échange de la promesse qu'"aucun œil humain ne puisse jamais la voir". C'est cette lettre qui est publiée à l'occasion de la sortie d'un ouvrage de Michele Ranchetti intitulé La Terre promise. Pour l'historien, repris par le Corriere, ce texte reste "embarrassant" parce qu'il n'est récupérable par aucune des deux parties, israélienne et palestinienne.

Si Freud est rarement intervenu sur le conflit historique et n'a jamais fait preuve de sentiment sioniste - cette lettre en est la confirmation -, il n'a jamais fait mystère de son attachement à ses racines juives et à son peuple. En 1925, il se déclarait "loin de la religion juive, comme de toute religion", mais ajoutait peu après : "Ce qui me lie au judaïsme, ce n'est pas la foi, ni l'orgueil national, même quand j'en sens l'inclination, mais tant d'autres choses qui rendent irrésistible l'attrait pour le judaïsme et les juifs." Il s'est toujours défendu d'identifier la psychanalyse à une quelconque science juive.QUELLE "TERRE PROMISE"?

Compatriotes de l'empire austro-hongrois, Freud (1856-1939) et Theodor Herzl (1860-1904), fondateur du sionisme, ne se sont jamais rencontrés, même s'ils ont habité pendant quelques années dans la même rue de Vienne, la fameuse Bergstrasse. Ranchetti fait pourtant un parallèle entre la publication par Herzl, en 1896, du manifeste sioniste L'Etat des juifs et, trois ans plus tard, celle par Freud de L'Interprétation des rêves, acte de naissance de la psychanalyse.

Dans l'un et l'autre cas, c'est la même recherche, écrit-il, d'une "terre promise ". Mais, pour Herzl, la terre promise est une patrie. Pour Freud, c'est la "conscience humaine ". Pour le premier, elle est un lieu "où le partage des idéaux et des traditions peut librement s'exprimer dans le cadre d'un Etat".

Pour l'autre, la "diaspora" englobe, en fait, tous les hommes, et la solution territoriale de Herzl lui paraît trop réductrice. Les notions de territoire, de langue, de peuple, de religion ressemblent aux "nouvelles ruines du temple".

Freud publie en 1939 sa grande œuvre, Moïse et le monothéisme. Certains y verront une attaque des racines juives elles-mêmes, d'autres l'histoire psychanalytique d'un peuple et d'une religion.


Rose

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Merci pour l'info.

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OUPS CE POST N'AURAIT PAS DU ÊTRE, DESOLEE...
Voilà pourquoi d'après Franck Carpentier.

Freud "antisioniste" par contumace ?



(histoire de ne pas laisser "Le Monde" tout à fait en paix, tout en le demeurant soi-même pleinement...)



Décidément, on ne peut pas dormir tranquille plus de trois minutes en ce bas-monde... J'avais à peine commencé une sieste qui promettait d'être roborative -pas encore le chant des cigales mais presque et moi déjà résolument cigale en tout cas-, quand une amie m'appelle... Que se passe-t-il encore ?



Oh, rien ou presque ! simplement un épisode de plus dans la saga de la bêtise simplificatrice de la sous-pensée politiquement correcte... La routine, quoi! et cela se passe, je vous le donne, Emile! dans le journal "Le Monde"! CQFD, again! "Freud contre 'l'espérance injustifiée' du sionisme", tiens donc, voilà ce que n'hésite pas à titrer (ou à laisser titrer? ce qui revient au même) le bon Henri Tincq, oecuménique en diable s'il en est, et faisant cette fois la part décidément trop belle au Diable! Allez, pour le coup, au diable l'avarice, je redeviens fourmi trois minutes!



Jeter, en effet, dans le débat actuel, de façon posthume, décontextualisée et approximative, un certain Freud, celui d'une certaine lettre -et c'était son droit d'être critique de telle ou telle façon, j'y reviendrai-, "contre" (tous) les sionistes et "le fanatisme irréaliste de (son) peuple", revient à dresser, sans en avoir l'air, sans risque et pour cause, un Juif, et quel Juif! contre des Juifs, en servant le tout par dessus le marché en pâture au spectacle généralisé de la presse du soir. C'est évidemment primo d'une malhonnêteté intellectuelle crasse mais c'est en plus et secundo, faire d'une pierre deux coups, si j'ose dire, en en prenant un pour taper sur l'autre... Un peu, toute proportion gardée certes, comme lancer des avions remplis d'Américains contre des tours remplies d'autres Américains... Moins par moins égale plus, c'est bien connu...



Mais là, en l'occurrence, le résultat déjà douteux en termes humains de cette loi algébrique devient carrément tordu au carré ou au cube, puisque on est en droit de se demander ce qui est visé, au juste, par l'auteur du dit article dans la reprise, malhabile et de toute évidence "récupératrice", de l'argument de cette lettre de Freud datée de février 1930 ?



Faut-il rappeler que Freud meurt en exil en 1939, avant la guerre et la shoah -deux de ses soeurs y périront exterminées-, et avant a fortiori la naissance de l'état d'Israël; en outre cette lettre précède de six mois l'arrivée de députés nazis au Reichstag et de trois ans celle d'un certain chancelier...



Si l'on ajoute que la dite lettre a été dénichée par Michèle Ranchetti, historien de la psychanalyse et... de l'église et qu'elle est citée par Tincq qui s'occupe des questions religieuses et de l'Eglise en particulier pour Le Monde (reprenant ici un article paru dans le Corriere della Serra), on se dit qu'il y a là une véritable nébuleuse réflexive, pour ne pas dire un noeud, éminemment problématique qui plus est, sinon carrément névrotique. Gageons que, son élucidation difficile, complexe, voire aporétique, étant sûre de décourager d'emblée la curiosité de la plupart des lecteurs, paresseux ou déjà passablement enclins à penser dans le sens idéologique et confusionnel qu'on leur indique, ceux-ci se contenteront allègrement du titre.



Conclusion : même Freud fait un procès au sionisme et donc à Israël, et aujourd'hui encore, s'il vous plaît...!



Je ne suis ni psychanalyste ni théologien ou historien des religions, mais ces diverses questions m'intéressant conjointement, voici quelques pistes et propositions de questionnement, résolument non-exhaustives, pour ceux que ça tenterait de dépasser le catéchisme général, pseudo-contradictoire et babélien ambiant, celui de la falsification, intéressée, permanente, par la pulsion de mort tous azimuts, que Freud était sans doute bien gentil de considérer à 50/50 dans l'équilibre de la vie psychique du couple Eros-Thanatos:



- Freud, père et fils.

Freud a l'intelligence critique, et même autocritique. Ses lettres à Fliess montrent une réflexion sans cesse évolutive, prompte à se remettre en question chaque jour. Son amour et sa fidélité filiale ne l'empêchent pas non plus d'être critique. Témoin, cette anecdote où, enfant, il aurait aimé voir son père adopter une attitude plus héroïque vis-à-vis d'un antisémite lui demandant de descendre du trottoir pour lui céder le passage. Il se voit alors en Hannibal à qui son père Hamilcar fait jurer de venger l'affront des Romains. Mais il sait aussi reconnaître la part enfantine de ce jugement et de cette exigence et la complexité logée dans toute situation, et dans celle-ci en particulier : pouvoir, force, faiblesse, apparences, ruse, autre et autre de l'autre (juif, non-juif, romain, carthaginois, etc...), rien n'est si simple ni si immuable. Ajoutons que c'est ce père qui lui fera l'injonction de revenir à la Bible et d'expliquer pourquoi, bien qu'incroyant, il se sentait si juif.



- Névrose et religion.

Que la religion soit souvent pour ne pas dire toujours névrotique, comment ne pas le constater sans cesse, aujourd'hui comme hier, -resterait d'ailleurs à savoir précisément comment-, mais aussi, que la névrose soit profondément religieuse, donc partant indéracinable a priori, c'est ce qu'on oublie plus facilement. Autrement dit, il n'y a pas "que" les guerres de religions qui font du mal, sans religion ou contre elle, on se débrouille très bien aussi... pour s'entretuer et refonder cultes et autres religions nouvelles, pleines de bruits et de "führers" (de l'Etre Suprême aux divers Petits Pères des Peuples et j'en passe...) Comme disait plaisamment Philippe Sollers dans un entretien, "l'athéisme existe-t-il?"



Eh bien, il semble que non : l'athéisme conséquent, pas celui, religieux, militant, des "athées", n'est pas à la portée de tout le monde et Sollers de conclure au voeu (pieux)! du "moins de religion possible", qu'il situe "catholiquement" quelque part entre le judaïsme et la Grèce, jonction-disjonction, entre verbe, être, poésie, beauté, intensité, légèreté.



- Freud et le judaïsme :

"du sacré au saint"? Freud pour le coup est bien ce "Juif athée", entre la Grèce (Oedipe!) et même la latinité, d'un côté, et puis la Bible et la tradition talmudique du questionnement et de l' "a-théisme", cette fois quasi-structurel, de l'être-juif, au sens lévinassien: être, c'est être en relation, et être en relation, c'est être "séparé", et donc, pour Lévinas du moins, séparé premièrement du divin, qui s'est séparé en lui-même, de lui-même, pour faire place à l'homme qui peut lui faire place à son tour.



Qu'est-ce que la Cure sinon l'apprentissage -interminable?- de la séparation d'avec l'Autre, d'avec soi-même? Que Freud dans sa contestation du "Sacré" du Père mythique (le seul Père?), celui de la Horde, ne semble pas rejoindre le"Saint", c'est ce qui peut être dit d'un Juif par rapport à un autre Juif de façon non-simplificatrice, cher monsieur Tincq. Ensuite cela ressortit du pari ou non et de la conviction intime que Dieu existe ou pas et/ou surtout qu'il est ce Père ou un tout-Autre père. Et effectivement, Freud se voulait "juif sans Dieu","loin de sa religion, comme de toute religion".



- les deux "Moïse".

Freud s'intéresse dans cette perspective à Moïse, au moins deux fois : d'abord avec "Le Moïse de Michel-Ange", où il interprète différemment le geste de Moïse, qui ne brise pas les Tables de la loi mais les transmet (ce qui est conforme d'ailleurs au Deutéronome et au don des Nouvelles Tables, les mêmes et pourtant autres, les premières étant gardées, brisées, dans l'Arche d'Alliance.) La deuxième fois, dans "sa grande oeuvre", pour reprendre l'expression de Tincq, "L'homme Moïse et la religion monothéiste".



S'il fait de Moïse un Egyptien qui fonde le"judaïsme", c'est peut-être pour partie pour éloigner le danger qui va s'abattre sur son peuple, pour partie par quête de la "terre promise" de la vérité de la conscience, sur laquelle alors nul n'est dispensé de s'interroger vertigineusement, et encore une fois pas seulement les Juifs eux-mêmes, même s'il est vrai qu'ils le font volontiers, contrairement à d'autres.



- Pulsion de mort (généalogie)



Dans cette "affaire juive", sinon cette "science juive", qu'est la psychanalyse, Freud préfère confier la succession à des collègues juifs plutôt qu'à Jung, pas seulement parce qu'ils ne sont pas "aryens" mais sans doute parce qu'ils seront mieux prémunis contre la "marée noire de l'occultisme" contre laquelle il mettra en vain Jung en garde dans une lettre. Pourquoi, parce qu'ils sont, en tant que juifs, c'est l'hypothèse que je lui suppose, plus au courant de la pulsion de mort, le plus souvent retournée contre eux aveuglément. Et dieu sait, si je puis dire, qu'elle remonte loin, cette pulsion de mort, elle serait même immémoriale, comme la mort elle-même, et comme la loi, comme le refoulement originaire dont la barre ne saurait être levée, pas individuellement déjà (sauf exception, qui sait) et en tout cas pas en public ouen collectivité, puisque c'est de cela même que résulte toute société. Il y a peut-être un avant-meurtre, un en-deçà ou un au-delà de cette structuration, une loi que se donnent des hors-la-loi d'un type particulier, ceux qui ont fait, comme dit Kafka, un "bond hors du rang des meurtriers", mais il semble aussi inaccessible et "impossible"que le paradis perdu lui-même. Chacun est donc seul face à cela et c'est tant mieux. Et ce que Freud pensait dans le secret, je ne le sais pas.



- Amnésie, "Terreur" et terrorisme

(pour finir par un rappel à la France et aux Français, d'en haut ou d'en bas).

La psychanalyse s'occupant de rafraîchir la mémoire, je suggère à M Tincq qui pense que cela va gêner les milieux juifs qui "se croyaient autorisés" à compter Freud parmi leurs supporters (il l'est et le reste, que je sache) et que cette lettre ne pourra profiter à aucune des deux parties en conflit (c'était donc le but?), je suggère, dis-je, la lecture d'un livre déjà ancien de Laurent Dispot (préfacé par Ph. Sollers) :"La Machine à Terreur"... On y rappelle opportunément, que "Terreur" et "terroristes" sont devenus des mots internationaux parce qu'ils ont d'abord été Français, de 1792 à 1794, sous le régime robespierriste... La politique Française au Proche-Orient, n'ajoutant pas à Vichy et à l'Algérie une autre couche plus profonde d'amnésie, s'en porterait peut-être mieux.



Pour conclure, cette espérance que Freud jugeait en1930 "injustifiée", il serait sans doute étonné de voir qu'elle s'est réalisée et comment; il persisterait peut-être à penser, en athée convaincu et en digne héritier de l'Aufklärung et de la haskalah, que si la raison seule gouvernait, et gouvernait tous les hommes, et pas seulement les Juifs, encore une fois, on aurait pu faire autrement, on pourrait toujours faire autrement, mais que finalement, ça s'est passé comme ça, et il souhaiterait, je pense, que ce soit pour le mieux.



Que la lumière et que les lumières soient!



Frank Charpentier

Ancien utilisateur
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Attends... demain, je vais essayer de lire ça entièrement... Fume

Ancien utilisateur
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Oulàh Ra'hel !! Nous en pour 2 mois de lecture avec toi !!
Merci....Moqueur

Tsipi. Rose

Ancien utilisateur
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Comme le dit le deuxième post- le plus long et le plus ***** à lire- il faut remettre les choses dans leur contexte. De plus, Freud est un grand scientifique, mais il n'a pas la vision politique démesurée de Herzl. Herzl est un génie visionnaire, dont l'utopie n'est pas comprise par la grande majorité des intellectuels de l'époque, bien qu'elle enflamme les masses populaires juives.

Ancien utilisateur
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très intéressant.... on peut pas en vouloir à un psychanaliste de ne pas être pratiquant ça c'est sur...

Ancien utilisateur
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Super intéressant!!
Chapeau, mais bonjour pour réussir à bien déchiffrer le 2nd post!!!

Ancien utilisateur
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Que Freud ne partage pas l'idéal sioniste ne m'empêche pas de dormir, par contre avez-vous lu "Moïse et le monothéisme" ?
Non seulement il y affirme que Moïse était égyptien, que la circoncision est une coutume Africaine, et que si on n'a jamais connu l'emplacement de sa tombe c'est parce qu'après des épisodes de révoltes comme le veau d'or ou Coré (Kora'h), le peuple aurait fini par le tuer ! ça c'est fort de café !

Ancien utilisateur
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La preuve qu il a eu tord Freud !!!!!!!
D ailleurs la terre de la palestine et redevenu un etat hebreux !!!!!

Si je me trompe pas les Parents de freud etaient des hassidismes !!!!!!!

D ailleurs freud c pas fouler !!!!
Malgré sont rejets de la religion plutot du mode vie juif, il c pas gener pour reprendre la methode de nos maitres, principalement celle du ARI ZAL mijotter a ca sauce.
D'Apres mes humbles connaissance !!!!
oeudipe et le reste !!! enfin il y etait presque
mais c pas encore ca !!!

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