La petite lueur d'espoir du jour...

Ancien utilisateur
Ancien utilisateur

Vu sur le site de l'EHESS:

Christian Salmon est l'intellectuel du moment. En tête des ventes, son petit livre, Storytelling (La Découverte, 2007), a mis en exergue une manière simple d'expliquer les travers de notre époque. En provenance d'outre Atlantique, le modèle de la construction de récit se serait imposé au marketing avant d'être importé sur le terrain politique. Après avoir valu à son auteur une chronique régulière dans les colonnes du Monde, le storytelling, successeur fun du "décryptage", est désormais mis à toutes les sauces dès qu'il s'agit d'interpréter un fait d'actualité. Familier – comme tout historien – du rôle déterminant du récit dans l'organisation des phénomènes, je ne pense pourtant pas qu'il puisse nous fournir cette clé universelle. A côté des stories, d'autres agents influent sur notre compréhension du monde. Le dévissage de Sarkozy nous rappelle l'importance de ce facteur décisif de l'interprétation: le style.

Si l'on cherche à démêler les raisons du brutal retournement qui affecte l'aura présidentielle depuis le début de l'année, à travers les nombreux articles qu'y consacrent les médias, on finit par comprendre que, derrière la plongée des sondages, les journalistes ont un aliment solide. Celui-ci est apporté par les "remontées de terrain" que leur livrent leurs contacts politiques de retour de leur fief. Rendus plus sensibles aux signaux de l'opinion publique par la proximité des échéances municipales, les notables de droite reviennent avec un message catastrophé émanant de leur propre électorat. Au premier rang des mécontentements, l'abandon de l'objectif d'augmentation du pouvoir d'achat. Appuyé sur la réalité du porte-monnaie, confirmé par la terrible phrase des “caisses déjà vides”, ce constat paraît relever d'une analyse raisonnable. Plus surprenant est la récurrence, dans la série des récriminations, de la liaison du président avec Carla Bruni. Au-delà du conservatisme des papys et mamies, choqués d'un remariage si expéditif, comment expliquer objectivement le poids de cet argument répété dans les témoignages de terrain?

Contrairement à Salmon, je n'arrive pas à percevoir de story – de construction de l'événement par le récit – dans l'aventure Bruni. Sa réception me paraît impossible à comprendre, sauf par l'intermédiaire de la question du style, où elle intervient comme un ingrédient majeur. Une story est un scénario: composée d'un petit groupe d'éléments dont l'articulation est mémorisable, logique et reproductible, elle fournit un schéma causal dont le caractère élémentaire est un facteur essentiel de son pouvoir explicatif, indépendamment des variations de son expression. La perception d'un style s'élabore à partir d'un ensemble plus diffus d'images et d'impressions passagères, dont l'accumulation dans le temps installe progressivement la validité, sans véritable fil conducteur. Nul ne s'appuierait explicitement sur cette construction fragile pour légitimer un choix public, encore moins le rejet d'une politique.

Et pourtant, il ressort bien des réactions de l'électorat que cet agent pèse de façon déterminante. Durant la campagne présidentielle, les stories concoctées par Guaino, les éléments du programme et la gouaille du candidat avaient fabriqué un style gaullo-chevènementiste tout d'énergie et de coups de menton. Dès le lendemain de l'élection, les Français étaient trahis par un président qui avait promis de se retirer dans un monastère pour “habiter la fonction”, mais préférait cultiver son bronzage sur un yacht de milliardaire. Ceux qui avaient élu Astérix se retrouvaient avec Aldo Maccione. Or, le personnage de jet-setteur coureur de jupons qui a défrayé la chronique des six derniers mois avait été soigneusement caché pendant le premier semestre de l'année 2007. L'électorat lui aurait peut-être pardonné ce mensonge si les résultats avaient été au rendez-vous. Mais avec la chiraquisation de Sarkozy, c'est désormais la forme qui repasse au premier plan.

Non sans raisons. Le style, c'est l'homme, disait déjà Buffon. Barthes, soupçonnait qu'il n'était pas si facile de soustraire la manière de la matière. Mais c'est probablement Umberto Eco qui aura le mieux perçu, à propos du Comte de Monte-Cristo, la nature organique du lien entre fond et forme, la “valeur structurale” de l'intervention stylistique (De Superman au surhomme, Grasset, 1993). Tel est bien le cas avec Sarkozy, premier président de la République à incarner l'essor d'un style, le fameux "bling-bling" – expression jusque là réservée au monde du hip-hop, appelée grâce à lui à caractériser une dérive sociétale, sorte d'adaptation à l'univers des nouveaux riches du "tout est permis" de Netchaïev.

Le mariage avec Carla Bruni constitue l'apothéose de l'appropriation structurale du style chez Sarkozy. Plutôt que la manipulation de joujoux superficiels, montre Breitling ou lunettes Ray-Ban, épouser cette figure warholienne, ce rêve de camionneur, faire sienne cette incarnation de la jet-set traduit la volonté naïve et désespérée d'assimiler à sa propre vie, à sa propre chair, ce monde si désiré. Dans son gros bon sens provincial, la droite française ne s'y est pas trompée. Cet écart-là aura été l'écart de trop.

Cherche-t-on un autre symptôme des effets néfastes de cette emprise du style? Tapez "Sarkozy" sur Dailymotion: fidèle à son rôle de révélateur des tendances, la plate-forme rapporte dans ses filets l'enregistrement du sketch d'Anne Roumanoff chez Michel Drucker, le 20 janvier dernier, déjà visionné plus de trois millions de fois sur une vingtaine de copies. L'actrice joue le texte de Bernard Mabille, dont les jeux de mots poussifs et les vannes grossières (“lui, pour sortir son poireau, il a besoin d'une asperge”) ne sont pas plus drôles que d'habitude. Sauf que. Sauf que la rencontre de la vulgarité du chansonnier et de celle du style Sarkozy produit comme une déflagration. Un trou d'air, visible à la mine des invités, qui oscille entre stupéfaction et libération cathartique. Ce n'était pas l'humour distingué des Guignols qu'il fallait pour lester la caricature de son poids de vérité. Pour attraper le personnage, il fallait parler sa langue, celle du "descends un peu si t'es un homme" – le langage du bistrot et sa verdeur couillue.

Ce que suggère ce sketch est proprement dévastateur. Il nous dit qu'il reste quatre longues années à attendre, mais que Sarkozy a perdu. L'essentiel – ce qui fait que 53% de voix se sont portées sur lui en mai dernier: sa crédibilité. Retransmis par les sondages, ce jugement-là, au-delà de ses composantes politiques, n'est pas la conséquence d'une mauvaise histoire, mais le résultat d'un choix de style. Une leçon à méditer.

Ancien utilisateur
Ancien utilisateur

Je n'arrive pas à savoir si tu t'en félicite ou non, Emiliuska.

Es-tu satisfaite que Sarkozy se chiraquise, ou t'en désole-tu ?
Reproche-tu à Sarko de ne pas tenir ses promesses, ou sera-tu rassurée s'il ne les met pas toutes en oeuvre ?

J'ajoute que ce n'est pas parce toute la presse s'est appropriée le mot "bling-bling" que cela reflète la réalité. Les journalistes se sont donnés le rôle non assumé par le PS, celui d'opposant. Et ils le font avec leurs outils, les images, et non avec des projets politiques.

Et je pense que cette pipolisation débilitante aurait été hélas identique avec Ségolène (après François, qui voit-elle ? Torreton ? Cali ? etc...). Ségolène et François qui acquittent aussi l'ISF, alors le bling-bling a beau être feutré, il est tout de même en or...

Les chiffres d'audience le montrent, les français sont demandeurs, et tout habile qu'il soit, Sarko ne pourrait manipuler tout son monde à sa convenance.
L'époque est voyeuse, elle exige par nature des exhibitions.

Ancien utilisateur
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allume une bougie tous les soirs si ça peut te faire du bien.

Ancien utilisateur
Ancien utilisateur

soyez pas de mauvaise foi... je me félicite surtout d avoir vu juste.... et j ai relativement pitié de ceux qui lui trouvent encore des excuses...

Ancien utilisateur
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Christian Salmon est l'intellectuel du moment

*****Qqchose drôle....la france est un de les seuls pays, où quand le moment viens pour remplir un dossier pour un visa, par exemple, personne pense que c'est bizarre si nous mettons 'intellectuel(le)' dans l'espace reservé pour son status d'emploi...

Ancien utilisateur
Ancien utilisateur

ça fait 13 ans que la gauche voit juste...ça fait 13 ans qu'elle n'a pas eu de président...aaaah les merveilles de la démocratie :p

Ancien utilisateur
Ancien utilisateur

Sarkozy a peut etre beaucoup de torts, en attendant il est trop tot pour dresser un bilan moins d'un an après son election (et son erection qui a suivi.)

Ce que je sais, c'est qu'avec Segolene on aurait touché le fond...

Ancien utilisateur
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emiliuska

"Tu as raison le sujet TSARKOZY occupe beaucoup:

les journalistes,les habitués de la télé,en particulier la 1 °chaine ,les vieillards qui sont chez eux ou en maison de retraite et qui ont peur d'être attaqués par les jeunes de Villiers-Le-Bel,ça occupe beaucoup aussi les associations comme RESF ou terre d'asile ou plein d'autres.....mais cela se complique car les psys sont de plus en plus débordés....
Pour ceux qui n'ont pas voté Sarko(je suis dans ce cas),j'ai la satisfaction personnelle de voir que mon moral remonte ..de mieux en mieux et que mars 2008 sera pour moi ,je le crois sincèrement,une guérison à tous mes maux actuels.
Et je vous souhaite, à vous tous qui n'en avez rien à faire de discourir sur un Président que vous ne reconnaissez pas comme étant le vôtre car vous ne l'avez pas choisi,d'aller de mieux en mieux car il nous a anéantis......
Montrons que nous pouvons être fort et RESISTONS ensemble.
A+ à tous,et rendez-vous dès le premier tour des municipales....."

Ancien utilisateur
Ancien utilisateur

Pense la meme chose qu'MJJ ...Vu de l'etranger, les francais aiment se prendre la tete pour pas grand chose...

Ancien utilisateur
Ancien utilisateur

Oui Emilie tu as vu juste

le rouge c'est beau

la révolution est pour demain

le partage du travail et des richesses amènera la paix dans le monde

un jour la politique ressemblera a un album de Martine

si possible Martine à la campagne plutot que Martine à la plage parce que dans Martine à la plage la pauvre Martine ne peut pas s'acheter une glace à la fraise et doit se contenter d'une boule vanille a moitié fondue.


Epouse moi Emilie et nous regarderons Roumanoff et Mabille tous les dimanches. Je promets de trouver ça drole. Ou j'essaierais de faire semblant

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